Sept 2008- La position politique de M. Saddier, président de l’ANEM

M. Martial Saddier, président actuel de l’Association des Elus de Montagne (ANEM), député-maire d’une commune de plaine, Bonneville, s’oppose vigoureusement à l’adoption définitive par le MEEDDAT du Guide méthodologique Avalanches rédigé par l’Administration en …2004.

Voir dans cet article, son argumentaire, la réponse de l’AIRAP et les prises de position de personnes  et associations compétentes et responsables sur ce sujet des « zones jaunes » dont la création dans ce Guide méthodologique constitue une avancée fondamentale dans l’amélioration de la prévention des risques d’avalanches.

« une inondation à Bonneville ou à Paris est aussi dangereuse qu’une avalanche à Chamonix », phrase scandaleuse prononcée par M. Saddier en présence de M. Nayrou, nouveau président de l’ANEM et le président de la FNAIM. Comment peut-on oser dire des choses pareilles!

 


Le 18 septembre 2008

La position «politique» de M.Saddier, président de l’ANEM

L’ANEM est l’Association Nationale des Elus de Montagne. Son président est actuellement, pour quelques semaines encore, M. Martial Saddier, Député-Maire de Bonneville, Haute-Savoie. Comme chacun sait, Bonneville est une commune de plaine (altitude : 460 m-Genève, altitude : 375 m). C’est dire que les problèmes d’avalanches concernent peu cette commune.

Si M. Saddier a pris fait et cause contre les zones jaunes, c’est, nous apparait-il, pour soutenir M. Michel Charlet, maire de Chamonix jusqu’en mars 2008, un collègue, membre du Conseil Général et membre de l’ANEM, et la cause que celui-ci défend, à savoir la suppression de ces «zones jaunes» nouvellement créées, mais aussi, pour défendre quelques positions totalement éloignées des problèmes d’avalanches.

Nous décrivons, ci-dessous, telles que nous les avons comprises, ces positions présentées lors du rendez-vous que l’AIRAP a eu avec lui le 25 mars 2008 à Paris et que celle-ci a eu l’occasion, depuis, de discuter avec d’autres membres de l’ANEM.

-Un argumentaire et les réponses de l’AIRAP

1°-le réchauffement climatique fait que les risques d’avalanches vont diminuer.

Réponse de l’AIRAP : On sait qu’il n’en est rien. Les variations climatiques sont au contraire plus accentuées partout dans le monde(avalanche de Gavarnie en avril, par ex)

2°-«on ne sait pas évacuer 10 000 personnes»(dans les mêmes termes que M.Michel Charlet, qui ajoute, quant à lui : «que ceux qui ne veulent pas prendre de risques aillent habiter à Sallanches…»)..

-Réponse de l’AIRAP : Il ne s’agit pas, en l’occurrence, dans un premier stade, d’évacuer, mais d’avertir des personnes qu’elles doivent quitter leur domicile provisoirement (pour s’en éloigner, de quelques dizaines de mètres généralement) ou, si le préavis est suffisant, qu’elles vont sans doute avoir à évacuer dans les heures qui viennent (comme vient de le mettre en oeuvre, début septembre, le Gouverneur du Texas pour 2 000 000 de personnes).

Il semble évident que, pour les victimes potentielles, choisir entre une mort possible et l’inconfort d’une évacuation à effectuer est une décision vite prise.

Que certains personnes décident de ne pas bouger restera leur problème (si elles sont impotentes ou dans l’impossibilité de se déplacer par leurs propres moyens, la Mairie sera, alors, effectivement responsable de leur évacuation). Toutes auront été prévenues, en tout cas, par des voies officielles.

Par ailleurs, dans ce cas, il ne s’agit pas de 10 000 personnes, mais, généralement, de quelques dizaines ou centaines parfois, situées dans certains secteurs de la Vallée qui, à des moments donnés, compte tenu de la conjonction de plusieurs facteurs (d’une exposition neigeuse particulière, vents selon la direction dans laquelle ils ont soufflés, de la nature de la neige à telle ou telle altitude), apparaitront comme présentant un risque grave.

Si l’évacuation est une chose, l’hébergement en est une autre et les lieux d’accueil sont identifiables longtemps à l’avance, église, écoles, hôtels, voisins, etc….

De toutes manières, le Maire est responsable, quoiqu’il arrive, de la sécurité des personnes sur sa commune. Zones jaunes ou non, il doit faire évacuer les zones à risques si nécessaire. Les zones jaunes l’aident à définir le risque identifié sur la cartographie par des spécialistes.Elles n’inventent pas le risque, elles l’affichent.

Il s’appuiera, pour sa décision, en particulier sur les avis de Météo-France, de la Commission de sécurité de la Commune au sein de laquelle figurent des responsables de différents secteurs de la Vallée.

3° Ces zones jaunes ont été définies n’importe comment. En France se dit expert qui veut.

Réponse de l’AIRAP:

-les personnes ayant apporté leur contribution à l’élaboration du Guide Méthodologique ont fait un travail responsable. Y étaient associés 5 cabinets d’expertise internationaux.

-que la définition du périmètre de telle ou telle zone jaune ne soit pas facile à faire n’a rien de suprenant. C’est même une évidence. C’est la raison pour laquelle, d’ailleurs, tant M. Richard Lambert, Docteur en géographie alpine, expert en neige-avalanches, à l’origine du rapport sur le PPR Avalanches de Chamonix remis au commissaire enquêteur que le CEMAGREF, expriment très clairement la nécessité du «double regard», celui issu par des personnes spécialisées en nivologie mais bénéficiant d’expériences et de moyens d’analyses différents.

La difficulté de l’exercice de définition ne retire rien à l’utilité du concept.

4°-l’Etat vise à la mainmise sur le foncier de nos communes

Réponse de l’AIRAP : Ce n’est pas du tout, aujourd’hui, le sujet. Au contraire, tout à fait indépendantes des plans d’urbanisation (zones bleues et rouges ), les zones jaunes ont pour objet d’informer résidents et responsables de sécurité de l’existence d’un risque dans certaines conditions exceptionnelles . Or, les avalanches les plus meurtrières sont justement des avalanches «exceptionnelles» qui se sont déjà produites. Après Val d’Isère, Montroc et d’autres, il n’est plus acceptable et accepté de qualifier ces catastrophes d’imprévisibles, d’où l’évolution incontournable du Guide méthodologique concernant l’information sur ces zones à risque .

Des arrière-pensées?

Il semblerait (ce que nous a dit, il y a quelques jours, quelqu’un proche de lui et maire d’une vraie commune de montagne, concernée par ce problème des zones jaunes) que M.Saddier serait contre ces zones jaunes en matière d’avalanches car il craindrait une extension au concept de «zones jaunes -inondations», auquel cas Bonneville serait alors très concernée.

Dans ce domaine, de toutes manières, il y a, depuis novembre dernier, une Directive européenne relative aux inondations, à laquelle aucun maire d’une commune où il y a risque d’inondation ne pourra échapper.

En prenant une telle position très officiellement, le Député-Maire de Bonneville pensait probablement faire coup double en soutenant quelques amis montagnards et en écartant un problème , pourtant incontournable, concernant les communes à zones inondables . Il est évident que l’AIRAP ne peut que dénoncer cette position « politique » prise au détriment de la sécurité des résidents des communes concernées .

-Une lourde responsabilité

L’affaire du sang contaminé est encore très présente dans beaucoup d’esprits. Nous ne pouvons qu’attirer, par la présente note, l’attention sur la responsabilité forte encourue par ceux qui, par leurs actions, auraient contribué à ne pas mettre en oeuvre les moyens identifiés pour que de nouveaux drames du type Montroc et Val d’Isère ne se reproduisent pas.

L’AIRAP souhaite très vivement que le nouveau président de l’ANEM, qui entrera en fonction prochainement, sache s’entourer de conseillers réellement concernés par les questions d’avalanches pour définir une attitude positive et coopérative vis-à-vis de ces avancées importantes et indispensables, en matière de sécurité des résidents, que constituent la publication des zones AMV( zones jaunes ) et l’établissement de PCS (plan communal de sauvegarde ).

Elle souhaitera naturellement rouvrir un dialogue jusqu’à présent peu fructueux ( un seul entretien sans suite avec Monsieur Saddier ) et, si possible, participer à la démarche car c’est l’un des objets de sa raison d’être.

l’AIRAP

P.S.

Position de M. Michel Charlet, ancien maire de Chamonix

– le texte d’une interview donné par M. Charlet aux Annales des Mines en 2003 sur les évacuations à Chamonix….ainsi que son courrier de décembre 2006 adressé à l’AIRAP sur ce sujet des AMV. On perçoit, là aussi, le côté ambigu de l’argumentaire actuel de la part d’une personne qui pourtant déclarait ces zones jaunes utiles et vouloir en informer les populations…(déjà transmis).

Position de M. Eric Lasserre, membre de l’actuel conseil minicipal de Chamonix (courrier joint dans « document » en bas de cet article)

Position de Monsieur Dole, maire des Houches,

-rencontré par l’AIRAP, celui-ci nous a fait part de son opposition, au début, à ces zones jaunes, reconnaissant qu’aujourd’hui le seul élément de contestation pour lui, n’est plus leur principe mais la manière de les définir, ce qui est un tout autre problème.

Il n’est pas forcément facile, non plus, de définir les zones rouges, «bleues dur» ou «bleues clair».

Il nous indiquait, par ailleurs, que dans l’établissement du projet de PCS (plan communal de sauvegarde) de sa commune, il avait été plus loin, dans la définition des périmètres d’évacuation retenus par lui que l’extension indiquée des zones jaunes figurant sur les cartes du PPR en cours d’approbation pour les Houches (On se souvient que ces PCS sont rendus obligatoires dans le cadre du nouveau Guide Méthodologique, à l’origine de ces zones jaunes., dès l’approbation du PPR par le Préfet).

Il nous précisait aussi, qu’en l’état actuel des choses, il était tenu, de par ses responsabilités de Maire, de prendre en compte ces zones jaunes quoiqu’il arrive.

Position de M. Christian Couttet, ancien Maire de Chamonix (étude jointe dans « document » en bas de cet article et, dans la rubrique « la réglementation en matière d’avalanches« , l’article spécifique intitulé : Christian Couttet, ancien Maire de Chamonix: « les zones jaunes )

Position d’Urbasite, (courrier joint dans « document » en bas de cet article et, dans la rubrique « la réglementation en matière d’avalanches », l’article spécifique intitulé : « Urbasite défend les zones jaunes« 

Position de l’ARVAC, Association des résidents de la vallée de Chamonix (courrier joint dans « document » en bas de cet article)

Position de l’Association des riverains du vieux four et des amis du site d’Argentière

 

 

 

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